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L'impasse politique en France est sans doute le meilleur scénario pour les marchés
information fournie par Agefi Dow Jones 09/07/2024 à 10:32

Jon Sindreu,

Agefi-Dow Jones

L'impasse sur laquelle a manifestement débouché le second tour des élections législatives est sans doute le meilleur scénario que les investisseurs pouvaient espérer.

graphique boursier (crédit photo : Adobe Stock /  )

graphique boursier (crédit photo : Adobe Stock / )

L'Assemblée nationale se retrouve certes divisée en blocs très polarisés, comme prévu, mais la configuration est finalement inattendue puisque le Rassemblement national (RN) termine troisième, grâce au jeu des désistements, alors qu'il pensait obtenir la majorité absolue. Le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en tête grâce à la coalition des partis de gauche, devant le camp présidentiel.

Aucun parti n'ayant néanmoins obtenu la majorité absolue, l'impasse politique menace. Paradoxalement, c'est justement l'issue la plus confortable pour les marchés financiers.

Le CAC 40 a d'abord mal réagi à la convocation par le président d'élections législatives anticipées à l'issue du scrutin européen du 9 juin, en raison des craintes qu'un potentiel gouvernement dirigé par le RN irrite Bruxelles en mettant en oeuvre une politique budgétaire ruineuse. L'indice s'est ensuite redressé lorsqu'il est apparu, à l'issue du premier tour, que le RN n'obtiendrait sans doute pas de majorité absolue.

Les inquiétudes croissantes suscitées par la montée en puissance du NFP ont néanmoins contribué à maintenir la volatilité sur les marchés. Le programme présenté par la coalition prévoit une hausse des dépenses publiques ainsi qu'une accentuation générale de la pression fiscale. De fait, le CAC 40 a terminé lundi en repli de 0,6%, illustrant sans doute la crainte des investisseurs de voir les partis de la coalition réussir à s'entendre pour former un nouveau gouvernement. Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise (LFI), a prévenu qu'il n'y aurait aucun accord avec les centristes.

Ces craintes semblent exagérées. L'incertitude règne certes sur la façon dont le prochain gouvernement va gérer un déficit public qui, à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, a contraint l'Union européenne (UE) à lancer contre la France une "procédure pour déficit excessif", et Emmanuel Macron pourrait devoir se résigner à l'abandon de certaines réformes, notamment celles sur les retraites.

Pour autant, aucune crise budgétaire ne se profile à l'horizon puisqu'au final, c'est bien la Banque centrale européenne (BCE) qui a la main sur le marché obligataire de la France.

Quant à la croissance, il est déjà difficile au départ de mesurer l'impact qu'ont eu les politiques du gouvernement sortant, surtout compte tenu de l'opposition des syndicats et d'une grande partie de l'opinion qui a fini par s'incarner dans le mouvement des "gilets jaunes" en 2018.

Ce qui compte pour les secteurs les plus affectés en Bourse, notamment les banques, les énergéticiens et les exploitants d'infrastructures, c'est que le risque d'une hausse de la fiscalité, la perspective de nationalisations et d'une mésentente prolongée avec Bruxelles semble maintenant plus faible qu'il y a quelques semaines. Quoi qu'en dise Jean-Luc Mélenchon, la gauche n'aura d'autre choix que celui de faire des compromis, au risque de former un gouvernement minoritaire qui risque certes d'effrayer les investisseurs mais serait dans l'incapacité de voter des lois.

Le recul de la valorisation de banques comme Société Générale et, surtout, BNP Paribas - l'une des banques les plus intéressantes d'Europe, qui s'échange maintenant sur un multiple de 0,65 fois la valeur comptable tangible - n'est pas vraiment justifié. Il en va probablement de même pour des groupes d'énergie comme Engie ou des concessionnaires d'infrastructures comme Vinci, qui ont perdu 8% de leur valorisation boursière depuis la fin du mois de mai.

Ces élections sont moins la cause que le symptôme de la situation de faiblesse d'Emmanuel Macron. Après un mois chaotique, le paysage politique de la France a retrouvé sa configuration habituelle, avec une montée de l'extrême droite qui oblige la gauche à se tourner vers un bloc centriste qui reste globalement paralysé parce que personne ne le soutient vraiment.

Au bout du compte, cette situation de blocage pourrait finir par rendre inévitable la victoire de Marine Le Pen, comme elle l'a déclaré lorsque les résultats sont tombés. Pour l'heure, elle vient plus ou moins exaucer le souhait des marchés.

-Jon Sindreu, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed: AG

Agefi-Dow Jones The financial newswire

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5 commentaires

  • 17 juillet 09:52

    J'ai tendance à penser que les marchés ont plutôt raison. Ils sont pragmatiques, même si les GAFAM sont notoirement de gauche - voire wokistes - et les industriels de droite.
    Je craindrais bien plus de la gauche (même hors LFI) car son programme serait appliqué, comme Mitterrand en 81.
    Le RN - nettement majoritaire en voix - ferait lui une politique économique mollement libérale.
    Le vote RN concerne avant tout l'immigration, l'identité et la sécurité.


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